79- Harriola-marriola
Harriola-marriola, (18)
Orratza zorrotza,
Xixta gaitza,
Hari txarra, tira-bira,
zirrin-zarran, (19)
Eta zart ! (20)
Harriola-marriola (18),
Aiguille pointue,
Piqûre douloureuse,
Fil mauvais, tiraillement,
Zirrin-zarran, (19)
Et zart! (20)
Le sujet de cette comptine aurait pour origine l’activité d’une couturière, si l’on considère l’aiguille que l’on plante, ou le fil que l’on tire trop fort, et qui se casse... En outre, les onomatopées présentent un certain caractère comique, car on peut supposer que les enfants ont observé, à maintes reprises, les signes d’agacement que manifeste une personne qui coud, lorsqu’elle se pique avec son aiguille, lorsque le fil est de mauvaise qualité, etc. La récitation doit se faire selon les modalités indiquées ci-contre:
HArriola
MArriola
Orratza
ZOrrotza
XIxta
GAitza
HAri
TXArra
TIra
BIra
ZIrrin
ZArran
Eta
ZART
(18) Harriola-marriola: onomatopée préliminaire, et redoublement avec m, sans signification apparente, mais très musicale. Le mot harriola se traduit par: atelier de tailleur de pierre. Il n’a donc rien à voir avec le reste de la comptine. C’est pourquoi nous avons pensé plutôt à une expression imaginée par les petits, et dérivée du verbe har, hartu, qui signifie prendre ou capturer. Car, dans beaucoup de jeux enfantins, il s’agit d’attraper ou de toucher un adversaire.
(19) Zirrin-zarran: exprime le frottement ou la déchirure.
(20) Zart: évocation d’une cassure sèche et brutale, ou bien d’un écrasement. Grâce à l’exclamation zart, qui traduit un bruit assez caractéristique, les Basques ont créé le verbe zartatzea, crépir un mur. Car on pense alors au mortier que lance le maçon avec sa truelle sur les jointures des pierres, et qui s’écrase en faisant zart !...
Source: mes camarades d’école, à Saint-Jean-Pied-de-Port, à Estérençuby et aux Aldudes, 1920 - 1926.
80- Harla-marla
Harla-marla, (21)
Kin, koan, kin, (22)
Bortan zela,
Bortan min,
Segera-megera,
kirun, karun, pek ! (23)
Harla - marla, (21)
Kin, koan, kin, (22)
C’est qu’il était à la porte,
A la porte, souffrant,
Segera-megera,
kirun, karun, pek! (23)
Agrémentée de quelques exclamations intraduisibles, cette formule évoquerait un animal sauvage pris au piège, et qui réussirait, non sans mal, à forcer la porte de sa prison pour s’échapper? Mais n’insistons pas trop, car alors nous détruirions tout le mystère auquel nos petits tiennent tant. En ce qui concerne la forme, ce texte est en partie versifié. Aussi, existe-t-il exceptionnellement un air pour chanter le quatrain qui précède la phrase terminale, et dont les rimes sont en la et en in. Le reste se récite avec la monotonie habituelle. Comme précédemment, le meneur de jeu tient toujours compte du rythme et de la sonorité des premières syllabes. Mais, dans le cas présent, du fait de la versification, il est obligé de faire correspondre: ...kin, koan, kin... à l’équivalent euphonique: ...bor - tan - min...
Voilà ce que donne cette comptine dans la bouche des enfants.
HArla
MArla
KIN
KOAN
KIN
BOrtan
ZEla
BOR
TAN
MIN
SEgera
MEgera
KIrun
KArun
PEK
(21) Harla-marla: noter toujours le redoublement avec m. La première syllabe ne rappellerait-elle pas har, ou harle, dans le sens de prise ou de capture?
(22) Kin, koan, kin: selon la supposition qui vient d’être faite, ces exclamations sonores pourraient représenter les chocs bruyants assénés par le captif contre la porte.
(23) Segera-megera, kirun, karun, pek: ici, le redoublement avec m de segera exprimerait le bruit que l’on fait en sciant ou en rongeant quelque chose. Quant à l’onomatopée suivante kirun, karun, elle traduirait un raclement. Tant et si bien que nous aboutissons à la rupture avec pek! Le piège serait alors brisé, avec comme conséquence l’évasion... Mais tout ceci n’est qu’une hypothèse, et le mystère enfantin demeure.
Source: mes camarades d’école à Saint-Jean-Pied-de-Port, à Estérençuby et aux Aldudes, 1920 - 1926.
81- Xedera-medera
Xedera-medera, (24)
gohora, behera,
harat, hunat,
zoko-moko,
paso,
bota,
punpa, jo! (25)
Xedera - medera, (24)
en haut, en bas,
par-là, par-ici,
coin et recoin,
coup (de la main nue),
lancement (de la pelote),
rebond, frappe!
Le jeu de paume avec la pelote qui bondit dans tous les coins de la place ou du trinquet, paraît avoir été le thème de cette formulette. En outre, il est possible d’en localiser l’origine au Pays de Cize, vu la présence du mot gohora qui, grâce à ses trois syllabes, s’accouple harmonieusement à behera. Ailleurs, les Basques prononceraient plutôt: gora, en deux syllabes. Et voici ce que donne la récitation:
XEdera
MEdera
GOhora
BEhera
HArat
HUnat
ZOko
MOko
PAso
BOta
PUNpa
JO
(24) Xedera-medera: le mot basque xedera signifie lacet, dans le sens de collet de chasse, et n’a donc rien de commun avec le reste de la formulette. Mais, grâce au redoublement avec m, on pourrait penser à la rengaine que représentent certaines phases monotones du jeu de pelote à main nue, lorsque la balle circule inlassablement d’un joueur à l’autre, au gré des carambolages du trinquet ou des longs échanges de la place libre.
(25) L’exclamation jo! représente l’impératif du verbe frapper. Mais c’est en même temps le cri que pousse le joueur de paume placé près du mur, au moment où il lance la pelote vers son adversaire.
Source: mes camarades d’école, à Saint-Jean-Pied-de-Port, à Estérençuby et aux Aldudes, 1920-1926.
Autres moyens d’élimination
I - En jouant à pile ou face
Avec une pièce de monnaie; celui qui lance cette pièce en l’air s’écrie:
82- Kurutx ala pil?
Croix (26) ou pile?
Avec une petite pierre plate dont on a préalablement mouillé une face; celui qui la fait tournoyer en l’air s’écrie:
83- Idor ala busti?
Sec ou mouillé?
II - En jouant à la courte paille
Celui qui présente les brins de paille, ou autres bâtonnets dont on cache la partie inférieure, s’écrie :
84- Xotx ala motx?
Tige (entière) ou écourtée?
(26) Beaucoup de monnaies anciennes présentaient une croix ornementale (croix de Malte, croix tréflée, ancrée ou fleurdelisée) au lieu de l’effigie d’un souverain.
Source: mes camarades d’école, à Saint-Jean-Pied-de-Port, à Estérençuby et aux Aldudes, 1920-1926.
Porte Saint Jacques, Donibane Garazi